Christoph-Treutmann-Orgel

Disposition der Orgel

Histoire et Importance de l’orgue
de Grauhof

Lorsque Christoph Treutmann commença la construction de l’orgue dans l’abbatiale St. Georg à Grauhof, il avait déjà une soixantaine d’années, il était assez riche et était connu et célèbre de près et de loin en tant que facteur d’orgues et, malgré son âge mûr, il était à la hauteur de son époque et ouvert à ses innovations. Les religieux du monastère de Grauhof, eux aussi assez riches, conscients de leur propre valeur, et animés par le désir de posséder un instrument satisfaisant les plus hautes exigences, se sont estimés heureux de signer le contrat avec Treutmann. Et Treutmann, de son côté, s’est estimé lui aussi heureux d’avoir la possibilité toute particulière de faire ses preuves en tant que facteur d’orgue, ici, dans cette église baroque à trois nefs, récemment construite, unique en son genre pour l’Allemagne du Nord et aux qualités accoustiques exceptionnelles. C’est ainsi que fut réalisé dans un laps de temps de 3 ans jusqu’en 1737 l’instrument le plus grand et le plus fastueux de ce facteur d’orgues, pour ainsi dire son testament pour la postérité. Un heureux hasard a voulu que précisément cette œuvre principale de Treutmann ait pu jusqu’à nos jours survivre à toutes les vicissitudes des temps - et ce en ayant conservé sa substance d’origine.

Un connaisseur de l’instrument résume quelques éléments stylistiques essentiels de l’orgue de Grauhof : « Même si, dans le Nord de l’Allemagne, il fut encore longtemps d’usage de placer les différents plans sonores de l’orgue dans des buffets séparés les uns des autres, on trouve à Grauhof, comme déjà sur quelques orgues de Silbermann, une certaine fusion de la sonorité de l’orgue de par l’intégration des ‘Orgelwerke’ derrière une façade d’orgue que le visiteur ressent comme une unité. A côté d’un accouplement à tiroir, d’usage aussi dans la facture d’orgue du Nord de l’Allemagne, reliant l’Oberwerk à l’Hauptwerk et l’Hinterwerk se trouve un accouplement par tirant de registre, muni d’une mécanique foulante allant de l’Hinterwerk à l’Hauptwerk, si bien que l’on peut jouer simultanément les trois plans sonores, ou aussi seulement l’OBERWERK et l’Hinterwerk, ce qui était relativement nouveau à l’époque. Treutmann a aussi construit des jeux gambés. Les registres conservés de timbre frêle Viola da Gamba 8’ et 16’ dans l’Hauptwerk font un effet très élégant et quelque peu surnaturel qui produit aussi en combinaison avec d’autres registres 8’ des sonorités très expressives. On découvre ici une influence venant de régions situées plus à l’est. On pouvait aussi engendrer sur cet orgue un effet particulier par le registre de jeu de cloches fournies par le maître Buttstadt d’Erfurt. »

Ce jeu de cloches, un accessoire particulièrement coûteux et tout d’abord grande fierté des religieux de Grauhof, fut démonté dès 1848, ne correspondant plus au goût de l’époque, et il attend encore d’être reconstruit. Par contre la restauration générale de l’orgue au cours des années 1989 à 1992 a conservé tous les éléments essentiels, ou bien les a rénovés conformément à l’original. Et on a, ce faisant, consacré beaucoup de soin au rétablissement de la sonorité originale.

L’instrument de Grauhof, avec 42 registres et environ 2.500 tuyaux, sur trois claviers et pédale, est aujourd’hui tout désigné à l’interprétation de l’œuvre si vaste de Johann Sebastian Bach. Le grand maître de Chapelle à St. Thomas de Leipzig aimait particulièrement les « registres de gambes » qu’il connaissait bien dans sa partie de Thuringe. Les interprètes de Bach qui désirent arriver au plus près de la conception sonore du maître apprécient précisément pour cela l’orgue de Grauhof. Les organistes et facteurs d’orgues viennent du monde entier pour apprendre à connaître cet orgue comme une des œuvres les plus importantes de l’époque de Bach qui soit presque entièrement conservée dans son état original. Il sert aussi souvent pour des enregistrements de radio et de CD, attire tous les ans beaucoup de visiteurs pour les concerts du « Festival d’été de l’orgue de Grauhof » - tous les dimanches de juillet et d’août , et leur procure de par le jeu de la Posaunen-Bass 32’ le plaisir d’une sonorité de Plenum, qu’un contemporain de Treutmann décrivait ainsi : « ... que l’on pourrait presque comparer à un tonnerre grondant dans l’air. »